La composition de l’image


Le photographe doit « composer » son image c’est à dire organiser les éléments qui la composent afin de transmettre à celui qui la regarde le message souhaité. 

 

• La bonne photographie:

Elle est basée sur 3 points importants:

  • La technique doit être principalement assimilée (profondeur de champ, vitesse d’obturation…) afin de se consacrer pleinement au cadrage et à la composition de l’image. 
  • Le contenu de l’image doit être intéressant pour le spectateur: original, expression d’un sentiment, une émotion…
  • La composition doit être travaillée.

 

• Lecture de l’image:

Elle se fait de manière inconsciente mais toujours de la même façon: l’œil commence la lecture par l ‘angle supérieur gauche de l ‘image et descend en zigzag pour aboutir finalement à l’angle inférieur droit.


De façon inconsciente aussi, nous accordons une plus grande importance et nous remarquons donc sur une photographie les éléments dans l’ordre suivant de priorité: les êtres vivants (hommes, animaux..), les éléments qui se déplacent (voitures, nuages…) puis enfin les éléments immobiles (maisons, objets, arbres…).

Il faut donc tenir compte de ces différents paramètres lors de la prise de vue et éliminer du cadrage tout les éléments qui pourraient détourner l’œil de la personne qui regardera la photo.

Au delà de cette phase instinctive, notre esprit va ensuite décoder les différents messages transmis par l’image qui seront interprétés différemment d’une personne à l’autre qui fait que certaines d’entre elles vont aimer la photo et d’autres pas.

Néanmoins il existe des règles bien établies, et admises par le plus grand nombre, qu’il faut respecter pour obtenir une bonne composition.

• Les règles principales de la composition:

Ces « règles » sont nombreuses mais il faut retenir les principales:

  • Les proportions: La règle d’or en matière de division des espaces en parties inégales a été définie à l’origine par l’architecte romain Marcus Vitruvius Pollio ( siècle d’Auguste 63 av. JC – 14 ap JC). Selon lui une telle division (certes dissymétrique) paraîtra agréable et esthétique à notre oeil si :

« Le rapport entre la plus petite et la plus grande partie équivaut au rapport entre la plus grande partie et le tout ».Mathématiquement, cette proportion est égale à 0,618.Démonstration: prenons trois points X, Y et Z.

 

X________________Y_______Z

Le respect de cette proportion engendre des images dissymétriques mais beaucoup plus agréables à l’œil. En voici un exemple: 

Les formats suivants sont conformes au Nombre d’or :

  • 10,5 x 17 cm -> 10 x 15 cm
  • 13 x 21 cm -> 13 x 18 cm
  • 18 x 30 cm -> 20 x 30 cm
  • 24 x 39 cm
  • 30 x 48.5 cm -> 30 x 45 cm
  • 40 x 64.7 cm -> 40 x 60 cm

On notera que ces proportions correspondent de près aux dimensions des papiers photographiques.

 

  • Les lignes de force et les points forts:

La division du rectangle selon la règle d’or permet de déterminer les  » lignes de force  » horizontales (AB et CD) et verticales (EF et GH).
Cela équivaut à diviser l’image horizontalement et verticalement en tiers. L’intersection des « lignes de force » produit 4 points forts.
Une composition photographique basée sur ces éléments sera équilibrée. On s’efforcera donc de placer, sur les lignes de force, l’horizon (au tiers supérieur ou au tiers inférieur) ou les yeux d’un personnage ( en général au tiers supérieur ).

Le centre de l’image n’est pas un point fort et il convient donc de ne jamais y placer le sujet principal. Cette erreur est souvent faite par le débutant qui n’est pas non plus aidé par le collimateur autofocus centré qui l’influence. On appelle cela  « mettre le sujet en plein dans la pastille ».

Exception faite de certaines photos dont le graphisme est le principal sujet, photos plutôt abstrites et qui peuvent donc utiliser le centre de la photo comme point fort. Ce type d’image est cependant souvent vouée à l’échec si la composition et le reste du sujet ne sont pas parfait.

  • Les angles forts.

Dans la nature il existe de nombreuses constructions angulaires remarquables. Une photographie composée selon l’un de ces angles forts, aura un impact considérable.
Ces angles forts doivent permettre notamment de guider le regard de l’observateur vers un point fort de l’image.

• Les éléments constitutifs de l’image:

Pour composer l’image, le photographe dispose d’éléments simples qui permettent pourtant d’exprimer de nombreuses impressions.

Les lignes (droites, brisées, courbes…) constituent un élément primordial.
Les diagonales créent une impression de profondeur, d’énergie, de mouvement dans l’image:

  • La diagonale ascendante qui relie le coin inférieur gauche au coin supérieur droit est la plus harmonieuse.
  • La diagonale descendante, du coin supérieur gauche au coin inférieur droit, parait plus puissante et semble entraîner le regard hors de l’image.

Les lignes brisées provoquent une impression d’instabilité:
Les lignes courbes, quant à elles, expriment la douceur. C’est le cas des lignes en ellipse, en S ou encore en cercle.

On peut combiner des courbes ou des cercles avec des lignes droites et construire une image plus complexe. L’éternel coucher de soleil sur la mer en est l’exemple:

Le point attire l’attention du regard lorsqu’il se trouve seul à l’intérieur d’une surface.

Les formes sont très variées et il convient de les placer correctement dans l’image afin de leur donner un impact important. Pour mettre en valeur une forme, il faut qu’elle se détache du fond de l’image. Comme nous l’avons vu précédemment, les formes simples sont remarquées en premier par l’œil puis viennent les formes vivantes auxquelles nous sommes habitués (homme, animal…) puis enfin les formes originales construites sans logique apparente qui font travailler l’imaginaire. Voici quelques exemples de formes et l’impression qu’elles donnent:

Forme -> Impressions
Carré -> Stabilité et calme
Rectangle horizontal -> Repos, lourdeur, froideur
Rectangle vertical -> Puissance, dramatisation
Cercle -> Harmonie, douceur, équilibre
Triangle ascendant -> Spiritualité
Triangle descendant -> Insécurité, écrasement

• Les masses et leur équilibre:

Pour assurer l’équilibre de l’image, il faut compenser les masses entre elles. Pour compenser ces masses entre elles, on peut jouer sur:

    • la dimension des masses
    • les distances qui les séparent
    • les densités de gris ou les couleurs de ces masses.
    • le placement des masses les unes par rapport aux autres.

Il faut retenir qu’une masse de grande surface monopolise l’attention au détriment des masses plus petite. Son impact est donc plus important.

• Représenter l’espace et la profondeur de champs:

Une photo est plane mais il est possible d’y représenter la troisième dimension en jouant sur le positionnement des plans les uns par rapport aux autres, en utilisant le fait que plus un objet diminue de taille plus il parait éloigné et en utilisant l’effet de perspective géométrique (deux lignes parallèles semblent se croiser au loin).

Les plans disponibles:

  • l’avant-plan, net ou flou, très proche
  • le premier plan, toujours net, à mi-distance, contient le sujet principal
  • l’arrière-plan, suggéré ou flou, se situe à plus longue distance et donne un fond à l’image
  • les plans lointains ou l’infini, ferment le sommet de l’image

Le photographe doit donc veiller à utiliser une combinaison de ces plans qui lui permettra de rendre compte sur limage finale de l’aspect tridimensionnel de la scène photographiée.
La perspective géométrique est l’effet optique qui fait apparaître à notre regard les lignes parallèles convergentes vers un point de fuite plus ou moins éloigné. L’emplacement du point de fuite sur ou en dehors de l’image peut indiquer la perspective:

  • au centre: perspective naturelle
  • en haut: effet de contre-plongée (prise de vue de bas en haut)
  • en bas: effet de plongée (prise de vue de haut en bas)

En photographie noir & blanc on peut aussi exprimer une sensation de profondeur à l’aide des différentes valeurs de gris. D’une manière générale, le passage du foncé au clair indique l’éloignement (cas classique d’un paysage assez foncé dans le bas de la photo au premier plan et le ciel clair, en haut de la photo,  à l’infini).

En plus de cet aspect visuel de la vision tridimensionnelle, l’objectif photo permet d’obtenir différents rendus d’une même scène en jouant sur la profondeur de champs et la zone de netteté contrôlée par une ouverture plus ou moins importante du diaphragme.

Pour se consacrer pleinement à la composition des images, le photographe doit d’abord maîtriser parfaitement la technique pure (profondeur de champ, zone de netteté, vitesse d’obturation…).  Les différentes règles de composition doivent ensuite devenir instinctives avec la pratique. Bien sûr, toutes ces règles de composition ne doivent pas apparaître simultanément sur une même photo; le tout étant d’utiliser l’effet approprié afin de réaliser une image percutante qui ne laissera pas indifférent celui qui la regarde…

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